Nouvelles et informations présentées par la Fédération internationale du Diabète

Bénévolat : soutien à la lutte contre le diabète en Papouasie – Nouvelle-Guinée

L'offre de soins de santé en Papouasie - Nouvelle-Guinée se heurte à de nombreux défis, comme l'absence de financement des médicaments de base du diabète, ou encore le manque de ressources telles que de la main-d'œuvre et des équipements.



Group picture in Papua New Guinea

Infirmière agréée formée originaire du Royaume-Uni, Suzanne Rockett a fait un an de bénévolat en tant que conseillère en soins infirmiers du diabète au sein de la communauté Tolai à Kokopo, en Papouasie – Nouvelle-Guinée. Les Tolai sont un peuple indigène de Nouvelle-Bretagne orientale. Ils sont reconnus comme présentant une prédisposition au diabète, en plus du risque qui est le leur en tant qu’habitants des îles du Pacifique et que peuple indigène. Suzanne aspirait à donner de son temps, à mettre gratuitement à disposition ses compétences en soins infirmiers spécialisés et à contribuer à la lutte contre le diabète en Papouasie – Nouvelle-Guinée.

Papúa Nueva Guinea (PNG) se situe dans le Sud-Ouest du Pacifique. Kokopo est la capitale de la Nouvelle-Bretagne orientale, un petit groupe d’îles connu sous le nom d’Îles de Nouvelle-Guinée. Le pays, dont la population est estimée à 8 millions d’habitants, compte plus de 850 langues et de nombreux villages tribaux et coutumes traditionnels. La Nouvelle-Bretagne orientale enregistre le taux de diabète de type 2 (DT2) et d’amputations liées au diabète le plus élevé de PNG.

Les premières semaines de bénévolat

Durant mes premières semaines de bénévolat, j’ai participé aux tours de salle, assisté aux consultations du diabétologue et travaillé aux côtés du personnel infirmier qui préparait les patients pour les rendez-vous. J’étais atterrée par l’absence totale de ressources, tant élémentaires qu’avancées, au quotidien. Les conséquences de ce manque de ressources combiné aux différences culturelles et aux répercussions sur les soins prodigués étaient souvent violentes. Ainsi, les patients qui subissaient une amputation en dessous du genou ne recevaient ni pansement ni antidouleur ; une taie d’oreiller était simplement posée sur la plaie.

La Frangipani Friendly Clinic (Nonga Base Hospital) a été fondée par le Dr Al Maha en 2016. Elle est l’un des deux seuls établissements de toute la PNG à proposer des dépistages de santé gratuits. La clinique reçoit régulièrement des subventions de diverses grandes entreprises locales, ainsi que des dons de groupes religieux et communautaires, qui contribuent au financement des équipements de test, qui ne seraient pas disponibles autrement. Plus de 40 000 patients atteints de diabète sont enregistrés. Parmi ceux-ci, 80 % présentent des lésions d’organes cibles ou des ulcères aux pieds non cicatrisés au moment de leur inscription.

Pour promouvoir des styles de vie sains et encourager la communauté à prendre le contrôle de sa santé, la clinique propose deux fois par semaine des cliniques du diabète disposant d’une équipe médicale dédiée. L’offre de soins de santé en Papouasie – Nouvelle-Guinée se heurte à de nombreux défis, comme l’absence de financement des médicaments de base du diabète, ou encore le manque de ressources telles que de la main-d’œuvre et des équipements. En moyenne, la clinique reçoit jusqu’à 0 patients lors de chacune des cliniques du diabète bihebdomadaires et 20 patients par jour lors des dépistages de santé.

Les patients viennent de villages ruraux et démarrent souvent à 5 h du matin pour 3 heures de marche, avant de prendre jusqu’à 3 ou 4 bus locaux. Le plus souvent, ils prennent le chemin de retour long et ardu sans avoir totalement compris leur diagnostic de diabète et avec peu de chances qu’ils aillent retirer les médicaments prescrits en pharmacie, car leur coût équivaut au budget mensuel de leur famille.

Le Dr Al Maha a créé la clinique pour lutter contre la hausse rapide du nombre d’amputations – une des nombreuses complications d’un diabète non diagnostiqué ou mal soigné. La metformine est rarement prescrite (pour des raisons à la fois financières et culturelles) et l’insuline est rare et extrêmement coûteuse. J’ai découvert que le niveau de connaissance général du diabète était faible et qu’il régnait une certaine confusion entre le DT2 et le diabète de type 1.

J'avais l'impression d'avoir secoué une boule à neige et de regarder la vie se réinstaller et le tableau changer.

Aider à éduquer et à comprendre

J’ai organisé deux ateliers de huit semaines pour l’ensemble du personnel des deux sites de l’hôpital. Tous deux ont bénéficié d’une très large participation et se sont vu réserver un très bon accueil, ce que je n’avais pas vraiment prévu. Toutes les personnes que j’ai rencontrées m’ont écoutée, ont absorbé le moindre élément d’information et ont ensuite appliqué ces connaissances nouvelles dans la pratique. J’avais l’impression d’avoir secoué une boule à neige et de regarder la vie se réinstaller et le tableau changer. Je ne suis pas sûre que je ferais preuve d’une telle bienveillance si des professionnels bénévoles arrivaient sur mon lieu de travail pour me suggérer des méthodes de travail différentes.

Les week-ends étaient consacrés au basketball avec les enfants du coin et à l’église. Le bénévolat était devenu un mode de vie et j’étais très enthousiaste à l’idée d’engranger l’un ou l’autre succès. Mes cours de promotion de la santé sont aujourd’hui dispensés dans presque toutes les églises et écoles de Kokopo. Je me suis exprimée lors de l’émission radiophonique chrétienne locale et l’impact a été stupéfiant. La clinique a subitement été prise d’assaut et nous recevions jusqu’à 50 personnes par jour pour des dépistages de santé, dont de nouveaux patients nous expliquant écouter la radio. La clinique propose des dépistages sur le lieu de travail le vendredi et, brusquement, notre agenda s’est retrouvé complet pour les 4 mois suivants.

L’éducation alimentaire pour responsabiliser la population

Lors de notre première visite de l’année dans les bureaux de l’administration locale en mars 2018, j’ai compris que la communauté locale ne savait pas vraiment en quoi consistait une assiette équilibrée. C’est ainsi que le concept de base d’½ assiette de légumes, d’¼ de protéines et d’¼ de glucides a été introduit.

Je me suis ensuite attaquée à la problématique des boissons gazeuses. Outre les géants de l’industrie, une entreprise locale produit en masse des boissons gazeuses enrichies en sucre. Les options light ou sans sucre sont rares. Les informations concernant le sucre ont été accueillies avec stupéfaction et incrédulité car les gens ne pensaient pas que les entreprises puissent fabriquer et faire la publicité de produits nocifs pour la santé. Un processus d’éducation continu à long terme se met progressivement en place. Si vous regardez aujourd’hui autour de vous à Kokopo, le concept de l’assiette saine est bien implanté car les entreprises locales, l’ENBP Market Authority et les communautés religieuses se sont réunies pour assimiler des connaissances et comprendre quels aliments consommer.
<h5L’importance de la metformine

Le directeur de l’hôpital s’est montré très ouvert à mes idées et nous avons abordé la question de la metformine. Il m’a encouragée à discuter avec les patients et à les pousser à trouver une solution pour payer le traitement. J’ai consigné les résultats. Le directeur m’a à nouveau ouvert grand la porte. Aussi incroyable soit-il, il est parvenu à trouver les fonds nécessaires pour que tous les patients hospitalisés atteints de diabète reçoivent de la metformine. Au bout de dix semaines, nous avons observé des différences notables, que ce soit au niveau du rétablissement des patients, des séjours plus courts à l’hôpital ou de l’adoption d’un médicament qui a peu d’effets secondaires et a des effets protecteurs puissants dans tous les domaines de la santé. Un médicament adapté à la démographie des communautés rurales, qui disposent souvent de peu de nourriture ou qui rencontrent des difficultés pour rallier la ville – avec un risque d’hypoglycémie quasiment nul.

Quitter la Papouasie – Nouvelle-Guinée

Avant de partir pour la PNG, j’avais reçu des dons de fournitures d’entreprises locales et de citoyens du monde entier. Les gens envoient ou viennent à vous avec toutes sortes de cadeaux : glucomètres, bandelettes, brochures, assiettes en plastique pour une alimentation saine, lunettes, gants chirurgicaux stériles, etc.

Mon séjour touchait à sa fin. Je devais désormais me concentrer sur les ressources durables que je voulais laisser derrière moi. C’est ainsi que j’ai constitué une quarantaine de dossiers de ressources en plastique contenant un maximum d’informations, en profitant de la moindre occasion pour faire des copies en douce dans divers établissements commerciaux et administrations locales. Ces dossiers ont été accueillis avec gratitude et les infirmières se sont arrangées pour en avoir d’autres exemplaires afin de permettre aux membres des diverses communautés de les photocopier et de les utiliser de retour chez eux. La durabilité et le renforcement des capacités portés à leur sommet.

Lorsque je repense à cette année passée dans « la terre de l’inattendu », je ne peux que constater que les Tolai sont une communauté simple. Si vous leur faites un sourire, ils vous le retournent. Pour manifester sa loyauté et son amour, la communauté Tolai attend simplement que vous vous montriez ouvert et amical. Les êtres humains ont besoin d’établir des connexions avec les gens qui les entourent.

Je suis redevable à tout jamais à l’ensemble de cette communauté, qui m’a ouvert son cœur et son âme et m’a accueillie non seulement en tant qu’infirmière bénévole, mais également en tant qu’amie pour partager quelques instants de leur parcours long et difficile.

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