Le coût de la vie en cas de diabète de type 1 est un problème grave, aux conséquences mortelles. Vivre avec le diabète de type 1 est impossible sans accès à de l’insuline à prix abordable et à d’autres fournitures médicales coûteuses. Imaginez ce que serait votre vie si celle-ci dépendait d’une hormone vendue à un prix inabordable. Il est totalement incompréhensible que des millions de personnes atteintes de diabète à travers le monde ne soient pas en mesure de se payer l’insuline dont elles ont besoin, comme en témoignent les centaines d’articles de presse. Cette crise a conduit à un rationnement de l’insuline, qui se traduit par le développement de complications. Malheureusement, le coût de la vie avec le diabète de type 1 conduit à des décès précoces et évitables.
Riva Greenberg et Bridget McNulty défendent la cause du diabète. Atteinte de diabète de type 1 depuis 45 ans, Riva Greenberg vit aux États-Unis. Elle a rédigé des articles sur le diabète, a écrit des livres, a contribué à motiver les gens à « s’épanouir avec le diabète », s’est exprimée lors de conférences internationales et a reçu divers prix. Bridget, qui défend la cause du diabète en Afrique du sud, vit avec le diabète de type 1 depuis 11 ans. Elle est écrivaine, oratrice et co-fondatrice de la communauté du diabète Sweet Life. Elles sont toutes deux membres bénévoles du réseau Blue Circle Voices de la FID.
Riva et Bridget vivent aux antipodes l’une de l’autre, et nous leur avons demandé de nous parler de leur expérience personnelle de l’accès à l’insuline et de son abordabilité. Pour rappel, ces deux personnes incroyables qui se battent pour défendre les droits des personnes atteintes de diabète dépendent de l’insuline pour vivre.
Avez-vous déjà rencontré de graves problèmes pour obtenir l’insuline dont vous avez besoin ?
Riva Greenberg (États-Unis): De manière générale, depuis que je suis passée chez Medicare (programme américain d’assistance médicale pour les personnes > 65 ans), j’ai peur de tomber à court d’insuline car je devrais payer très cher pour en obtenir plus. Pour ce qui est des problèmes graves, je suis tombée deux fois à court d’insuline et c’était terrifiant. La première fois, je voyageais en dehors de l’État et mon insuline s’est altérée et est devenue inutilisable. Je suis allée dans une pharmacie, mais le pharmacien a refusé de me vendre de l’insuline sans ordonnance. Une autre fois, je suis tombée à court d’insuline. Je suis allée dans une clinique sans rendez-vous et le personnel n’a pas voulu me donner d’insuline. J’ai été invitée à me rendre aux services des urgences de l’hôpital.
Bridget McNulty (Afrique du Sud): Oui, tout à fait. En Afrique du Sud, j’ai de la chance de bénéficier d’une assistance médicale (assurance maladie). Celle-ci couvre l’insuline à action courte et prolongée, les aiguilles, les bandelettes de test et les lancettes dont j’ai besoin chaque mois. L’année dernière, des personnes atteintes de diabète ont été informées qu’elles devaient passer à des médicaments génériques. Mon endocrinologue n’était pas convaincu que l’insuline générique soit une solution dans mon cas. Au lieu des cinq stylos injecteurs dont j’ai besoin, je ne pouvais en avoir que 2/3, ce qui est insuffisant. Le « système » n’est pas conçu pour aider les patients.
Je dois préciser que je figure au nombre des privilégiés en Afrique du Sud car j’ai les moyens de m’offrir une assistance médicale. Seuls 17,4 % des Sud-Africains peuvent se payer une assistance médicale privée. Le reste de la population doit se rendre dans des cliniques ou des hôpitaux publics pour obtenir de l’insuline et des bandelettes. Là, ils s’entendent souvent dire qu’il n’y a plus de bandelettes et sont renvoyés chez eux. Ils reçoivent par ailleurs de l’insuline moins évoluée. Le coût des bandelettes et de l’insuline est prohibitif et seule la classe moyenne supérieure peut se les offrir.
Stockez-vous une réserve d’insuline ? Pensez-vous que ce soit raisonnable ?
Riva Greenberg (États-Unis): Si vous effectuez plusieurs injections par jour, l’insuline est couverte par Medicare au titre de la partie D. Après quatre mois, vous tombez dans ce que l’on appelle l’écart de couverture ou « Donut Hole ». À ce moment-là, l’insuline vous coûte pas mal d’argent car vous payez une bonne partie du prix non pris en charge par l’assurance. Compte tenu du coût élevé de l’insuline, j’ai mis au point une solution temporaire – faire des réserves d’insuline pour un an afin de ne pas tomber dans le Donut Hole. J’ai obtenu des échantillons auprès de mon endocrinologue et précommandé de l’insuline avant le début de mon plan Medicare. Une amie m’a par ailleurs donné plusieurs stylos injecteurs car elle avait décidé de passer à un autre type d’insuline.
Bridget McNulty (Afrique du Sud): Faire des réserves n’est certainement pas rationnel, mais cela m’aide à me sentir plus en sécurité. Pour l’instant, je n’en ai qu’une de secours et je trouve cela risqué. L’insuline peut s’altérer (elle est fragile et doit être conservée au réfrigérateur) en Afrique du Sud en raison des températures très chaudes en été. Si je suis à l’extérieur toute la journée et que j’emmène mon insuline avec moi, elle peut ne pas avoir d’effet. Il n’y a aucun moyen de savoir qu’elle n’agit pas à moins d’utiliser un stylo (ou un flacon) neuf – et vous ne pouvez le faire que si vous avez une réserve d’insuline.