Patients et méthodes de recherche
Le Dr McCoy et son équipe ont utilisé des données patients tirées de la National Health and Nutrition Examination Survey 2011–2014 et de l’OptumLabs Data Warehouse pour mener cette étude. Ils ont tout d’abord estimé la prévalence des traitements hypoglycémiants intensifs parmi la population adulte américaine sur la base de l’enquête National Health and Nutrition Examination Survey la plus récente. Les chercheurs ont ensuite déterminé le nombre approximatif de visites aux urgences et d’hospitalisations liées à une hypoglycémie et imputables à ces traitements intensifs sur la base des données OptumLabs recueillies lors de l’étude antérieure.
Les données de la National Health and Nutrition Examination Survey ont permis d’identifier plus de 10,7 millions d’adultes atteints de diabète, non enceintes pour les femmes, dont l’hémoglobine A1c se situait dans la plage recommandée par les directives cliniques (moins de 7 %). Les chercheurs ont découvert que près de 22 % de ces personnes étaient traitées de manière intensive. Ils ont considéré que les patients recevaient un traitement intensif s’ils prenaient un médicament pour atteindre un taux d’HbA1c de 5,6 % ou inférieur, ou deux médicaments ou plus pour parvenir à un taux d’HbA1c compris entre 5,7 et 6,4 %.
« L’hypoglycémie (faible glycémie) est l’un des effets indésirables graves les plus courants du traitement du diabète, et provoque des dommages immédiats et à long terme chez les personnes qui en souffrent », explique le Dr McCoy. « L’hypoglycémie grave, définie par la nécessité pour un tiers d’aider le patient à se soigner et à mettre fin à l’épisode hypoglycémique, est associée à un risque accru de décès, de maladies cardiovasculaires, de troubles cognitifs, de chutes et de fractures, ainsi qu’à une mauvaise qualité de vie. »
Pour se faire une idée encore plus précise de la situation, les chercheurs ont classé les patients en tant que cas cliniquement complexes s’ils présentaient les caractéristiques suivantes :
- 75 ans ou plus
- Deux limitations ou plus de leurs activités quotidiennes, comme l’incapacité à s’habiller, à se nourrir, à se déplacer d’une pièce à l’autre ou à se mettre au lit/sortir du lit seul
- Maladie rénale en stade final
- Trois conditions chroniques ou plus
Sur les 10,7 millions de patients, 32,3 % ont été considérés comme des cas cliniquement complexes. Même si ce facteur ne semblait pas jouer un rôle dans le fait que le patient reçoive ou non un traitement intensif, le Dr McCoy constate que l’idéal aurait été que cela soit le cas.
« Les personnes âgées et les autres patients considérés comme des cas cliniquement complexes ont plus de risque de présenter une hypoglycémie, ainsi que d’autres événements indésirables en cas de traitement intensif ou de surtraitement. Dans le même temps, il est peu probable que ces patients tirent des avantages d’un traitement intensif plutôt que d’un contrôle glycémique modéré », explique le Dr McCoy. « Lorsque nous établissons un plan de traitement du diabète, notre objectif doit être de maximiser les avantages tout en réduisant les inconvénients et le fardeau du traitement. »
D’après le Dr McCoy, les chercheurs ont jugé les résultats de l’étude alarmants, puisque pas moins de 2,3 millions d’Américains ont été surtraités entre 2011 et 2014. De plus, les patients cliniquement complexes ont reçu un traitement intensif dans des proportions similaires aux patients non complexes.
Prochaines étapes
De tous temps, les associations professionnelles et les organismes réglementaires se sont essentiellement concentrés sur la réduction du sous-traitement et le contrôle de l’hyperglycémie (glycémie élevée). Le Dr McCoy espère voir un changement d’attitude, qui permettra d’inclure également la prise en charge et la prévention du surtraitement et de l’hypoglycémie.
« Nous devons aligner les traitements et les objectifs en fonction de la situation clinique, de l’état de santé, de la situation psychosociale et de la réalité quotidienne de chaque patient pour garantir des soins conformes à leurs objectifs, à leurs préférences et à leurs valeurs », explique-t-elle.
Si le système de soins de santé parvient à passer d’une approche ciblée sur la maladie — et dans le cas du diabète, en particulier, sur la glycémie — à une approche davantage axée sur la personne, elle estime que les conséquences négatives seront moindres, les résultats meilleurs et le fardeau du traitement moins lourd pour les patients.
Pour les patients atteints de diabète, explique-t-elle, « cela inclut une désintensification et une simplification du traitement en tant que solution pour réduire les hypoglycémies, la polypharmacie et le fardeau du traitement. »
Réimprimé avec l’autorisation de la Mayo Clinic, une organisation sans but lucratif dédiée à la pratique clinique, à l’éducation et à la recherche, proposant des soins complets et pointus à toute personne qui en a besoin pour guérir. L’article original est accessible ici.